lundi 26 mai 2008

LA MARCHE CONTRE LE SIDA







INTRODUCTION

L’an 2008, le 9ème jour du mois de Mai, il s’est tenu une marche pacifique sur la lutte contre le VIH/SIDA dans les sites pygmées (MUGUNGA I et II, et BULENGO) et camps des déplacés de guerre, organisé par l’ONG ADPD « Action pour le Développement des Populations Défavorisées » qui est active dans ces sites.
Etant donné que les déplacés de guerre sont venus en masse s’installer juste à coté de ces trois sites cités ci - haut, il ne fallait pas que l’ADPD puisse croiser le bras.
C’est pourquoi elle est allée mener la sensibilisation sur la lutte contre le VIH/SIDA dans les sites pygmées et dans les camps de déplacées de guerre. Une maladie qui guète tout le monde.




DEROULEMENT PROPREMENT DIT DE LA MARCHE



La marche a commencé à 8heure 30, heure locale. Le point de départ était le site BULENGO , juste après une assemblée générale de tous les pygmées et déplacés de guerre dont les points essentiels ont porté sur :
- Les différentes voies de transmission du VIH/SIDA ;
- Les moyens de prévention de cette maladie ;
- Les témoignages des femmes victimes de viol et d’autres violences ;
- Questions d’actualités sur le VIH/SIDA ;
- Présentation des théâtres et de la musique en rapport avec les enseignements sur VIH/SIDA ;
- Un cocktail après ces activités citées ci haut.

Après le site de BULENGO, la foule des pygmées et déplacés de guerre habillés en chapeaux blanc où était écrit « STOP SIDA » s’est dirigée vers le camps de déplacés de BUHIMBA où les policiers de garde de ce parc ont voulu contraindre notre marche, mais, avec l’explication du Coordonnateur de l’ONG ADPD, prouvant qu’il avait été autorisé d’organiser cette marche sur la lutte contre le VIH/SIDA, ces derniers se sont abstenus de disperser la foule.
Les activités de la marche à BUHIMBA étaient les mêmes que celles de site de BULENGO.
Seulement, juste à BUHIMBA nous avons rencontré une autre ONG locale ACODES qui était venu nous accueillir en guise de nous emboîter le pas dans cette marche pacifique.
C’était important d’effectuer cette marche pour sensibiliser ces pygmées sur la prévention du VIH/SIDA, maladies de tous sans exception, surtout que ces sites pygmées sont envahis par les déplacées de guerre provenant de différents milieux.
Les pygmées sont conscients de l’existence du SIDA mais sont ignorants en matière de protection contre cette pandémie. A partir de cette marche, les pygmées ainsi que les déplacées ont prit conscience de s’engager contre ce fléau.
Nous avons continué la marche jusqu’à MUGUNGA I et II , surtout que l’équipe venait d’être motivée par des déplacées de guerre de BUHIMBA en mouvement, où nous avons joué du théâtre et de la musique sur la sensibilisation du VIH/SIDA et tous les pygmées et déplacées de guerre présents venaient écouter le message qu’on transmettait.
Pour nous nous c’était une victoire que cette couche de la population conngolaise prenne aussi conscience du SIDA et que donc, à la prochaine, elle sera plus prudente.
Enfin, nous sommes arrivé à BULENGO qui était notre point de départ entrain de chanter et danser, une façon à nous de célébrer cette victoire.
En présence des Autorités locales et de certains responsables d’ONG locales, le Coordonnateur de l’ADPD a adressé ses vœux de bienvenu à tous les participants et a souligné la singularité des populations « pygmées » qui constitue malheureusement l’une des raisons de sa marginalisation.
Il a rappelé les conditions misérables dans lesquelles ils vivent, illustrées à travers la pauvreté, la malnutrition, l’habitat précaire, les mauvaises conditions d’hygiène, le manque de formation, l’ exclusion, le mépris et bien des préjugés.

Il a remercié les participants, notamment les populations pygmées, déplacées de guerre et l’ONG ACODES, pour avoir répondu favorablement à l’invitation de l’ADPD.

Il a ensuite donné les raisons majeurs qui ont amené l’ ADPD à entreprendre cette initiatives au profit des groupes marginalisées inapprochables en général « pygmées », ainsi que les populations en situation difficile « déplacées de guerre » .
Enfin, il a émis le vœu que cette marche pacifique conjointe pygmées et déplacées de guerre permette de déposer un diagnostic profond sur les aspect de la marginalisation des « pygmées ».

LE 08 MARS 2008 A GOMA



GOMA : DES FEMMES PYGMEES DECOMPLEXEES


Le 08 Mars 2008, les femmes pygmées ont défilé en public. Un acte de courage fort marquant !

Le nombre importe peu, mais le symbolisme reste fort. 12 femmes pygmées au total ainsi que 3 autres femmes non pygmées, vulnérables, pouvaient être remarquables parmi les colonnes des personnes qui défilaient ce jour-là.

Sur la principale avenue du centre ville de Goma, elles ont défilé comme toutes les autres femmes, sans complexe aucune, habillées en tissus pagne et en T-shirt blanc avec le logo de l’ONG ADPD (Action pour le Développement des Populations Défavorisées), l’association à l’initiative duquel le défilé a été organisé. Au rythme de la fanfare, la gent féminine pygmée a marché et chanté fièrement.

Sur la pancarte qu’elles arborait, on pouvait clairement lire : ACTION POUR LE DEVELOPPEMENT DES POPULATIONS DEFAVORISEES

Félicitation ! Coup de chapeau ! On n’a jamais vu cela à Goma, c’est une première ! Que bien des gomatraciens s’exclamaient ! Cela n’avait jamais été vécu à Goma, c’est pourquoi cet événement qui relèverait de l’anodin sous d’autres cieux a pourtant fort marqué cette ville de Goma, Chef lieu de la Province du Nord-Kivu, située à l’Est de la RD Congo.

Malgré la pluie qui a perturbé un tout petit peu le programme de la journée, l’occasion qui fait le larron n’a pas été loupée par ces femmes qui ont voulu saisir cette opportunité, dans cette manifestation de grande envergure afin de « prouver », au moins une fois de leur vie, qu’elles ne sont pas ce que les autres pensent d’elles : des bonnes à rien !

« Nous pensons qu’il est important que le nombre des participantes double l’année prochaine afin d’égaler voire de dépasser celui des autres femmes non pygmées » lançait nerveusement FAIDA, une femme pygmée de Mubambiro, village situé à 27 Km de Goma à l’Ouest.

A Goma, comme partout ailleurs dans le reste du pays, les peuple pygmée est victime de la marginalisation basée sur quelques préjugés ou raisons non fondées.

Elles sont assez souvent complexées du fait de leur état et même de leur appartenance à cette communauté.

De tout état de cause, le 08 Mars de cette année, celles qui ont défilé ont à coup sûr brisé le tabou. Et c’est avec raison que SAFALANI HANGI, l’une des participantes, pouvait affirmer : « Nous avons agi ainsi pour faire comprendre aux autres femmes et à la société congolaise entière que nous ne sommes pas différents des autres, que nous avons des droits autant que tout le monde, que nous avons mêmes des atouts et des capacités qui peuvent servir la nation ! »

Pygmées, Oui, mais tout de même femme comme les autres !

Le secrétaire - comptable de l’ADPD, Mr Mardochée WAWA a été plus qu’édifié par cette nouvelle initiative de l’association. Il ne pouvait pas ne pas dire au moins un mot à l’occasion de cette grandiose activité. Ainsi, tout le message a été bien compris quand il pouvait laisser entendre que « les femmes pygmées ne sont pas différentes des autres. Et voilà qu’elles viennent de la prouver. »

Pour mettre la cerise sur le gâteau, reprenons les sentiments recueillis auprès de cette jeune femme pygmée qui a du avoué : « Je me sens heureuse de marcher cote à cote avec les autre femmes. Je n’ai aucun complexe. Je pense même que je n’en n’aurai plus ! »

LA WORLD BANK REAGIT


IMPORTANTE REUNION : BANQUE MONDIALE, GOUVERNEMENT PROVINCIAL DU NORD-KIVU (RDC) & ONG LOCALES OEUVRANT EN FAVEUR DES PYGMEES

Les ONG locales qui oeuvrent pour l’épanouissement du peuple « pygmée » ainsi que des personnalités et autorités touchées par la vulnérabilité des peuples autochtones ont, à plusieurs reprises, adressé des lettres aux organisations internationales oeuvrant en RD Congo. Dans ces correspondances, il a été demandé à ces organisations d’intervenir en faveur des pygmées comme elles le font pour les autres catégories sociales.

La Banque Mondiale a été pointée du doigt parce qu’elle exerce plusieurs projets dans le cadre de l’environnement mais elle oublie presque souvent les autochtones et pygmées, en particulier, qui vivent soit dans la forêt, soit et aux alentours des forets et des parcs nationaux.

Vers le début du mois d’Avril 2008, nous avons eu la première réaction de la Banque Mondiale. Elle a invité toutes les organisations locales qui oeuvrent en faveur du peuple « pygmée » avec Madame la ministre provinciale de l’environnement, à prendre part à une réunion qui s’est tenue dans la grande salle du Lycée Amani à Goma.

La Banque Mondiale a exigé à chaque ONG de se faire représenter par trois membres et deux pygmées dont un homme et une femme.

La Banque Mondiale était représentée à ces assises par le Professeur KANKONDE MUKADI de Kinshasa, tandis que Madame Félicité KALUME, Ministre provinciale, et l’Honorable Felly KAVIRA, député provinciale, ont respectivement représenté l’Exécutif et le Parlement provinciaux.

L’objectif ultime de cette rencontre était d’analyser la situation actuelle des « Batwa » (les pygmées en langue locale) et de dégager quelques pistes de solution en vue de palier au problème. La question principale figurant à l’ordre du jour était : « Quel est le vrai problème des pygmées ? »

Après plusieurs réactions des pygmées et représentants d’associations à la question, il a été retenu que la vraie préoccupation des pygmées est celle de l’Habitat ainsi que celle de l’accès à l’eau potable.
Au cours de cette rencontre , Mr Morgan MUHIRWA, Coordonnateur de l’ONG ADPD a présenté au représentant de la Banque Mondiale à Kinshasa et à la Ministre provinciale en charge de l’Environnement, les problèmes majeurs qui font obstacle au développement du peuple « pygmée » malgré l’intervention des bien d’organisations. Il a par ailleurs exposé les obstacles auxquels son organisation se heurte pour secourir les « pygmées ».

Pour l’ONG ADPD, cette action constitue un pas d’avance tant pour les « pygmées » que pour les organisations qui oeuvrent en faveur de ce peuple, victime de la marginalisation du fait de l’implication des autorités du pays et d’une grande organisation comme la Banque mondiale. Qu’ils commencent à se préoccuper des problèmes de ces vulnérables, est une chose louable !

« La chose la plus importante dont la Banque Mondiale nous a assuré c’est d’appuyer et de soutenir nos actions et nos efforts en vue d’un impact très visible dans les jours à venir. », concluait le Coordonnateur de l’ADPD à la sortie de ce forum.